La pensée critique - Pourquoi est-elle si difficile à enseigner ? |
Pédagogie Explicite - Études | ||||
Écrit par Daniel T. Willingham (trad. Françoise Appy) | ||||
Dimanche, 08 Avril 2012 10:00 | ||||
TweeterSource : American Educator Daniel T. Willingham
La pensée critique
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Comment les cognitivistes définissent-ils la pensée critique ?
D’un point de vue cognitiviste, les activités mentales appelées pensée critique sont en fait un sous-ensemble de trois types de pensée : le raisonnement, la formation des jugements et décisions et la résolution de problèmes. Je dis que la pensée critique est un sous-ensemble de ces trois parce que nous pensons selon ces trois modes tout le temps, alors que nous pensons de manière critique seulement certaines fois. Décider de lire cet article, par exemple, n’est pas de la pensée critique. Mais peser soigneusement les preuves qu’il propose afin de décider de croire ou pas ce qu’il dit, cela est de la pensée critique. Le raisonnement critique, la prise de décision, et la résolution de problèmes – que par commodité j’appellerai pensée critique - possèdent trois caractéristiques clés : efficacité, nouveauté, et autonomie. La pensée critique est efficace en ce sens qu’elle évite les écueils courants, comme par exemple ne voir qu’un aspect du problème, ou ne pas considérer des preuves allant à l’encontre de vos idées, ou raisonner avec passion plutôt qu’avec logique, refuser d’étayer des déclarations par des preuves, etc. La pensée critique est une nouveauté en ce sens que vous ne vous souvenez pas simplement de solutions ou situations similaires pour vous guider. Par exemple, résoudre un problème physique complexe mais familier en appliquant un algorithme à plusieurs étapes n’est pas de la pensée critique parce que vous reposez vraiment sur votre mémoire pour le résoudre. Mais mettre au point un nouvel algorithme est de la pensée critique. La pensée critique est autonome en ce sens que le penseur doit dicter sa loi : nous accorderions peu de crédit à la pensée critique d’un élève si l’enseignant lui dictait chaque étape. D.W.
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Avec une connaissance approfondie,
la pensée peut pénétrer au-delà de la structure de surface
Si la connaissance de la résolution du problème n’est jamais transférée aux problèmes ayant des structures de surface différentes, alors l’école est inefficace, voir futile – mais bien sûr, un tel transfert a lieu. Quand et pourquoi est un sujet complexe [8], mais deux facteurs sont particulièrement pertinents pour les enseignants : être familier avec la structure profonde d’un problème et savoir que l’on doit s’intéresser à la structure profonde. Je vais développer les deux aspects successivement. Quand on est familier avec la structure profonde d’un problème, alors la connaissance de la résolution se transfère bien. Cette familiarité peut venir d’une expérience répétée sur le long terme, d’une expérience répétée sur un problème, ou de plusieurs formes d’un même problème (ex : plusieurs problèmes ayant des structures de surface différentes mais des structures profondes identiques). Après une exposition répétée à une ou plusieurs formes, le sujet perçoit simplement la structure profonde comme faisant partie de la description du problème. Voici un exemple :
Un chasseur de trésor va explorer une grotte sur une colline proche d’une plage. Il pense qu’il peut y avoir plusieurs chemins dans la grotte et il a peur de se perdre. De toute évidence, il ne possède pas de carte de cette grotte ; tout ce qu’il a avec lui est un ensemble d’objets usuels comme une lampe torche et un sac. Que devra-t-il faire pour ne pas se perdre sur le chemin du retour ?
La solution est de transporter du sable dans le sac, et de laisser une trace en avançant, afin de repérer le chemin du retour. Environ 75% des collégiens américains ont pensé à cette solution – mais seulement 25% des collégiens chinois y ont pensé [9]. Les expérimentateurs ont suggéré que les Américains ont résolu le problème parce que la plupart d’entre eux connaissaient l’histoire d’Hansel et Gretel, dans laquelle on trouve l’idée de laisser une trace lorsque l’on se rend dans un lieu inconnu afin de retrouver son chemin. Ils ont aussi donné aux sujets un autre problème basé sur un conte populaire chinois et le pourcentage de résolution dans chacune des cultures s’est alors inversé.
(Pour lire ce problème basé sur un conte chinois, et le conte lui-même, voir ici : www.aft.org/pubs-reports/american_educator/index.htm).
Il faut aux élèves une bonne dose de pratique relative à un problème type avant qu’ils le maîtrisent suffisamment, soient capables de reconnaître immédiatement sa structure profonde, indépendante de la structure de surface, comme les Américains l’ont fait pour le problème d’Hansel et Gretel. Les sujets américains n’ont pas pensé le problème en termes de sable, de grottes, et de trésor ; ils l’ont pensé en cherchant un moyen pour laisser une trace. La structure profonde du problème était si claire dans leur mémoire, qu’ils l’ont immédiatement reconnue dès qu’ils ont lu l’énoncé.
Chercher la structure profonde aide, mais cela ne fait pas tout
Maintenant, observons le deuxième facteur favorisant le transfert en dépit des différences gênantes de structure de surface – savoir chercher la structure profonde. Considérons ce qui arriverait si je disais à un étudiant travaillant sur le problème de la fanfare, « ce problème est similaire à celui du jardin ». L’étudiant comprendrait que les problèmes ont en commun une structure profonde et essaierait de trouver ce que c’est. Les étudiants peuvent faire ainsi, même sans aide. Un étudiant peut penser « Je fais ce problème en classe de mathématiques, donc c’est une formule mathématique qui doit le résoudre ». Puis il peut passer en revue dans sa mémoire (ou dans son manuel) les formules appropriées et voir si l’une d’entre elles pourrait convenir. C’est un exemple de ce que les psychologues appellent métacognition, ou la façon de réguler ses pensées. Dans l’introduction, j’ai mentionné que vous pouvez enseigner aux élèves des maximes leur disant de quelle manière ils devraient s’y prendre pour penser. Les scientifiques cognitivistes se réfèrent à ces maximes comme à des stratégies métacognitives. Il y a des parcelles de connaissance – comme « chercher la structure profonde d’un problème » ou « considérer tous les aspects et solutions » - que les élèves peuvent apprendre et utiliser pour guider leur pensée dans des directions plus productives.
Aider les élèves à mieux réguler leurs pensées était l’un des buts des programmes de pensée critique populaires il y a 20 ans. Comme le montre l’encart ci-dessus, ces programmes ne sont pas très efficaces. Leurs modestes bénéfices sont dus à l’enseignement d’une utilisation efficace des stratégies métacognitives. Les élèves apprennent à éviter les biais que nous essayons tous d’éviter quand nous pensons, comme adopter la première conclusion qui semble raisonnable, chercher uniquement la preuve qui confirme une croyance, ignorer les preuves à charge, faire preuve de suffisance, et bien d’autres encore [10]. Ainsi, un élève qui a été encouragé plusieurs fois à envisager les deux aspects d’une solution, par exemple, aura plus de chance de penser spontanément « Je devrais envisager les divers aspects de la question » quand il travaillera sur un problème.
Malheureusement, les stratégies métacognitives ne peuvent pas vous conduire plus loin. Elles suggèrent ce que vous devriez faire mais elles ne fournissent pas les connaissances nécessaires pour implanter la stratégie. Par exemple, quand les expérimentateurs disent aux sujets que le problème de la fanfare est similaire à celui du jardin, plus de sujets parviennent à le résoudre (35% comparé à 19% sans l’aide), mais la plupart des sujets, même quand on leur dit que faire, ne sont pas capables d’y parvenir. De la même façon, vous pouvez savoir que vous ne devez pas accepter la première solution vraisemblable à un problème, mais cela ne veut pas dire que vous saurez en trouver une autre ou juger de la validité des solutions qui se présentent. Cela nécessite des connaissances spécifiques et une pratique afin de les mettre en œuvre.
Dès lors que la pensée critique repose si lourdement sur les domaines disciplinaires, les enseignants doivent se demander si penser de manière critique dans tel ou tel domaine, s’apprend plus facilement. La réponse qui vient en premier est oui, c’est un peu plus facile. Pour comprendre pourquoi, prenons l’exemple d’une discipline, les sciences, et examinons le développement de la pensée scientifique.
Les méthodes d’enseignement de la pensée critique : beaucoup de temps, peu de bénéfices
Depuis que l’aptitude à la pensée critique est un but essential de l’enseignement, il n’est pas surprenant de voir se développer des méthodes pour l’enseigner directement, sans toutefois immerger les élèves dans un contenu scolaire particulier. Mais les preuves indiquent que de telles méthodes améliorent la pensée des élèves relativement au type de problèmes qu’ils ont pratiqués - et non avec ceux qu’ils n’ont pas pratiqués. Plus généralement, il n’est pas sûr du tout qu’une méthode enseignant efficacement la pensée critique dans une diversité de situations soit un jour développée. Comme l’explique l’article, l’aptitude à penser de manière critique dépend de la possession d’informations adéquates ; vous ne pouvez pas penser de manière critique sur des sujets que vous ne maîtrisez pas ni résoudre des problèmes que vous ne connaissez pas assez pour reconnaître et exécuter le type de solutions nécessaires. Néanmoins, ces programmes nous aident à mieux comprendre ce qui peut être enseigné, c’est pourquoi il est intéressant d’en faire une brève revue. Un grand nombre de méthodes conçues 1 pour rendre les élèves de meilleurs penseurs critiques sont disponibles, et elles ont des points communs. Elles se basent sur l’idée qu’un ensemble d’habiletés de la pensée critique peuvent être appliquées et pratiquées dans les divers domaines de connaissance. Elles sont conçues pour compléter les programmes usuels d’enseignement, non pour les remplacer, et ainsi elles ne sont pas liées à une discipline particulière comme la langue, les arts, les sciences, les études sociales. Beaucoup de ces programmes sont supposés durer environ trois ans, avec plusieurs heures d’enseignement (délivrées en une ou deux leçons) par semaine. Les programmes varient selon la manière dont ils délivrent l’enseignement et la pratique. Certains utilisent des problèmes abstraits comme trouver les modèles dans des schémas dépourvus de sens (Reuven Feuerstein’s Instrumental Enrichment), d’autres utilisent des énigmes (Martin Covington’s Productive Thinking), d’autres utilisent des groupes de discussion sur des sujets intéressants rencontrés dans la vie quotidienne (Edward de Bono’s Cognitive Research Trust, or CoRT). Quelle que soit sa forme, chaque programme introduit les élèves à des exemples de pensée critique et demande ensuite aux élèves de pratiquer eux-mêmes cette forme de pensée. Quel est le niveau d’efficacité de ces programmes ? De nombreux chercheurs ont essayé de répondre à cette question, mais leurs études présentent des problèmes méthodologiques 2. Quatre limitations de ces études sont typiques et rendent beaucoup d’effets suspects. 1/ Les élèves sont évalués juste après le programme, ainsi on ne peut savoir si les effets perdurent dans le temps. 2/ Il n’y a pas de groupe de contrôle, ce qui ne permet pas de savoir si les gains sont dus au programme, à d’autres éléments de l’enseignement, ou à des expériences externes à l’école. 3/ Le groupe de contrôle n’a pas d’intervention de comparaison ; ainsi tout effet positif peut être dû par exemple à l’enthousiasme de l’enseignant pour la nouveauté, et non au programme lui-même. 4/ Il n’y a pas de mesure pour déterminer si les élèves peuvent ou non transférer leur nouvelle habileté de pensée critique à des matériaux différents de ceux utilisés dans la méthode. De plus, seulement une petite fraction des études a subi une revue par des experts (ce qui signifierait qu’ils aient été évalués de manière impartiale par des experts indépendants). La révision par des experts est cruciale parce que l’on sait que les chercheurs, inconsciemment, biaisent le plan et l’analyse de leur recherche afin de favoriser les conclusions qu’ils espèrent 3. Les études portant sur une méthode intitulée the Philosophy for children peuvent être considérées comme représentatives. Deux chercheurs 4 ont identifié huit études évaluant les résultats scolaires et réunissant les critères minimaux de conception de recherche. (Sur 8, seulement 1 a été soumise à une révision par des pairs). Néanmoins, ils ont conclu que 3 des 8 études présentaient des problèmes identifiables qui brouillaient les conclusions de la recherche. Parmi les 5 études restantes, 3 mesuraient l’aptitude à la lecture, et l’une d’entre elles notait un gain significatif. 3 études mesuraient l’aptitude au raisonnement, et 2 ont noté des gains significatifs. Et, 2 études prenaient des mesures impressionnistes de la participation des élèves en classe (ex : générer des idées, fournir des raisons) et les deux ont noté des effets positifs. En dépit des difficultés et du manque général de rigueur dans les évaluations, la plupart des chercheurs ayant révisé cette littérature, ont conclu que certaines méthodes d’enseignement de la pensée critique avaient des effets positifs 5. Mais ils ont malgré tout émis deux mises en garde. D’abord, comme avec n’importe quelle tentative éducative, le succès de la méthode dépend de l’habileté de l’enseignant. Deuxièmement, penser des méthodes est intéressant quand la mesure des résultats est similaire au matériau contenu dans le programme. Plus on tente de transférer des matériaux dissemblables, plus rapidement chute l’apparente efficacité du programme. À la fois la conclusion et la mise en garde prennent tout leur sens sur un plan cognitif. Il n’est pas surprenant que le succès de la méthode dépende de l’habileté de l’enseignant. Les auteurs des programmes ne peuvent pas anticiper toutes les idées – vrai ou faux- que les élèves vont avoir quand ils pratiqueront la pensée critique ; ainsi il est du ressort de l’enseignant de fournir aux élèves le feedback le plus important. Il est également légitime que les programmes conduisent à des gains d’habileté mesurés avec des matériaux similaires à ceux utilisés dans les programmes. Les programmes qui comprennent des tests comme ceux de mesure du QI, par exemple, notent des gains dans les scores du QI. Dans une précédente colonne *, j’ai décrit le fondement principal de la mémoire : vous vous souvenez de ce à quoi vous pensez. La même chose se passe pour la pensée critique : vous apprenez à penser de manière critique par les moyens que vous utilisez pour pratiquer la pensée critique. Si vous pratiquez les énigmes logiques avec un enseignant efficace, vous avez plus de chance de devenir meilleur en résolution d’énigmes logiques. Mais des améliorations substantielles nécessitent une grande quantité de pratique. Malheureusement, parce que les programmes de pensée critique comprennent diverses sortes de problèmes, les élèves n’ont pas assez de pratique pour chacun de ces types de problèmes. Comme expliqué dans l’article principal, les modestes bénéfices de ces programmes sont dus aux stratégies métacognitives des élèves – comme « envisager les deux issues d’un problème » - qui les guident dans leur tentative de pensée critique. Mais sachant que l’on doit penser de manière critique n’est pas la même chose que de le faire effectivement. Cela requiert des connaissances et de la pratique. D.W.
* Voir « Students Remember …What They Think About » in Summer 2003 issue of American Educator, online at www.aft.org/pubs-reports/american _educator/summer 2003/cogsci.html
1. Adams, M. J. (1989), “Thinking skills curricula: Their promise and progress”, Educational Psychologist, 24, 25-77; Nickerson, R. S., Perkins, D. N., and Smith, E. E. (1985), The Teaching of Thinking, Hillsdale, N.J.: Erlbaum; Ritchart, R. and Perkins, D. N. (2005), “Learning to think: The challenges of teaching thinking”, in K. J. Holyoak and R. G. Morrison (eds.) The Cambridge Handbook of Thinking and Reasoning, Cambridge, UK: Cambridge University Press. 2. Sternberg, R. J. and Bhana, K. (1986). “Synthesis of research on the effectiveness of intellectual skills programs: Snake-oil remedies or miracle cures?” Educational Leadership, 44, 60-67. 3. Mahoney, M.J. and DeMonbreun, B.G. (1981). “Problem-solving bias in scientists”, in R. D. Tweney, M. E. Doherty, and C. R. Mynatt (eds.) On Scientific Thinking, 139-144, New York: Columbia University Press. 4. Trickey, S. and Topping, K. J. (2004). “Philosophy for Children: A Systematic Review”, Research Papers in Education 19, 365-380. 5. Adams, M. J. (1989). “Thinking skills curricula: Their promise and progress.” Educational Psychologist, 24, 25-77; Nickerson, R. S., Perkins, D. N., and Smith, E. E. (1985), The Teaching of Thinking, Hillsdale, N.J.: Erlbaum; Ritchart, R. and Perkins, D. N. (2005), “Learning to think: The challenges of teaching thinking,” in K. J. Holyoak and R. G. Morrison (eds.) The Cambridge Handbook of Thinking and Reasoning, Cambridge, UK: Cambridge University Press.
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Penser de manière scientifique est-il plus facile ?
L’enseignement des sciences a été le sujet d’études intensives depuis des décennies, et la recherche est en général divisée en deux catégories. La première examine comment l’enfant acquiert les concepts scientifiques : par exemple, comment il dépasse les conceptions naïves du mouvement pour les remplacer par une compréhension de la physique. La deuxième est ce que nous appellerions penser scientifiquement, c’est-à-dire l’ensemble des procédures mentales par lesquelles la science est conduite : développer un modèle, en déduire une hypothèse, concevoir une expérience pour tester une hypothèse, recueillir des données à partir de l’expérience, interpréter les données à la lumière du modèle, et ainsi de suite [11]. La plupart des chercheurs croient que la pensée scientifique est en fait un sous-ensemble du raisonnement qui n’est pas différent en soi des autres types de raisonnements utilisés par les enfants et les adultes [12]. Ce qui en fait une pensée scientifique est de savoir à quel moment engager un tel raisonnement, avoir accumulé assez de connaissances pertinentes et avoir passé suffisamment de temps à cette pratique.
Savoir quand engager le raisonnement scientifique est très important parce que les preuves montrent que savoir raisonner n’est pas suffisant ; les enfants et les adultes utilisent et échouent à utiliser les bons processus de raisonnement sur des problèmes similaires en apparence. Par exemple, considérons un type de raisonnement portant sur la cause et les effets, ce qui est très important en sciences : les probabilités conditionnelles. Si deux choses vont ensemble, il est possible que l’une d’entre elles soit la cause de l’autre. Supposons que vous commenciez à prendre un nouveau médicament et que vous remarquiez que vous avez des maux de tête plus souvent qu’à l’accoutumé. Vous allez en déduire que le médicament est peut-être la cause du mal de tête. Mais cela pourrait aussi venir du fait que le médicament augmente la probabilité d’avoir un mal de tête dans certaines conditions. En probabilité conditionnelle, la relation entre deux choses (ex : le médicament et le mal de tête) dépend d’un troisième facteur. Par exemple, le médicament peut augmenter la probabilité d’un mal de tête seulement si vous prenez une tasse de café. La relation entre le médicament et le mal de tête est conditionnelle de la présence de café.
Comprendre et utiliser les probabilités conditionnelles est essentiel à la pensée scientifique car cela est très important dans le raisonnement sur les causes. Mais le succès de cette manière de penser dépend de la façon dont est présentée la question. Les études montrent que les adultes parfois utilisent les probabilités conditionnelles avec succès,[13] mais échouent avec de nombreux problèmes qui y font aussi appel [14]. Même des scientifiques entraînés tombent dans des pièges de raisonnement sur les probabilités conditionnelles (tout comme sur d’autres types de raisonnement). Les médecins sont connus pour négliger ou mésinterpréter les données d’un nouveau patient qui contredisent leur diagnostic [15] comme des scientifiques (de niveau thèse) sont menacés de raisonnement défectueux lorsqu’ils sont confrontés à un problème implanté dans un environnement non familier [16].
Ainsi les jeunes enfants sont parfois capables de raisonner sur les probabilités conditionnelles. Dans une expérience [17], les chercheurs ont montré à des enfants de 3 ans une boîte et leur ont dit que c’était un détecteur de blicket [18] : dispositif qui jouerait de la musique quand un blicket serait placé sur le dessus. L’enfant a ensuite vu une des séquences ci-dessous dans lesquelles des blocs sont placés sur le détecteur de blicket. À la fin de la séquence, on demande à l’enfant, pour chacun des blocs, s’il s’agit d’un blicket. En d’autres termes, l’enfant devait utiliser le raisonnement conditionnel pour en déduire quel bloc avait provoqué la musique.
Noter que la relation entre chaque bloc individuel (cube jaune et cylindre bleu) et la musique est la même dans les séquences 1 & 2. Dans chaque séquence, l’enfant voit le cube jaune associé à la musique 3 fois, le cylindre bleu associé à l’absence de musique une fois, et à la présence de musique deux fois. Ce qui diffère entre la première et la seconde séquence est la relation entre les blocs jaune et bleu, et par conséquent, la probabilité conditionnelle pour chaque bloc d’être un blicket. L’enfant de trois ans a compris l’importance des probabilités conditionnelles. Pour la séquence 1, ils ont dit que le cube jaune était un blicket, mais que le cylindre bleu n’en était pas un ; pour la séquence 2, ils choisissent entre les deux blocs.
Ce corpus d’études a été résumé simplement : les enfants ne sont pas aussi idiots qu’on pourrait le croire, et les adultes (même des scientifiques de haut niveau) ne sont pas aussi intelligents qu’on pourrait le croire. Que se passe-t-il ? La conception courante de la pensée critique, de la pensée scientifique (ou la pensée historique) comme un ensemble d’habiletés est fausse. La pensée critique ne possède pas certaines caractéristiques normalement associées à des habiletés – en particulier, être capable d’utiliser cette habileté à tout moment. Si je vous dis par exemple que j’ai appris à lire la musique, vous vous attendrez à ce que je sois capable d’utiliser cette habileté (lire la musique) à n’importe quel moment. Mais la pensée critique est différente. Comme nous avons vu lors de la discussion sur les probabilités conditionnelles, les gens peuvent s’engager dans certains types de pensée critique sans s’y être entraînés alors qu’ils échoueront parfois à penser de manière critique, même avec un entraînement intensif. Il est très important de comprendre que la pensée critique n’est pas une habileté [19]. À partir de là, nous comprenons qu’enseigner la pensée critique consiste, de manière moindre, à montrer de nouvelles façons de penser, et en majeure partie, à permettre de déployer le bon type de pensée au bon moment.
Pour en revenir à la science, nous voilà prêts à formuler une question clé : peut-on enseigner aux élèves à savoir quand ils doivent s’engager dans une pensée scientifique ? Cela est plus facile que d’essayer l’enseignement de la pensée critique en général mais pas aussi facile que nous aimerions. Rappelez-vous : lors de la discussion sur la résolution de problèmes, nous avons trouvé que les élèves peuvent apprendre des stratégies métacognitives les aidant à voir au-delà de la surface d’un problème et à identifier la structure profonde afin d’appréhender la solution. La même chose peut se produire avec la pensée scientifique. Mais, comme pour la résolution de problèmes, les stratégies métacognitives se contentent de dire aux élèves ce qu’ils devraient faire – elles ne leur fournissent pas les connaissances qu’ils doivent posséder pour y parvenir. La bonne nouvelle est que dans un domaine disciplinaire comme la science, les élèves ont plus d’indices contextuels pour les aider à figurer quelles stratégies métacognitives utiliser, et les enseignants ont une idée plus claire de quel domaine de connaissances ils doivent enseigner pour permettre aux élèves de faire ce que la stratégie leur commande de faire.
Par exemple, deux chercheurs [20] ont enseigné à des élèves de CM1, CM2 et 6e le concept scientifique sur lequel repose le contrôle des variables : cela consiste à garder chaque chose dans deux conditions de comparaison identiques, excepté l’une des variables qui est le but de l’investigation. Les expérimentateurs ont donné des explications explicites sur cette stratégie pour conduire des expériences puis les élèves les ont mises en pratique avec du matériel (ex : des ressorts) pour répondre à une question spécifique (ex : lequel de ces facteurs détermine la distance sur laquelle un ressort peut s’étendre ?). Les expérimentateurs ont trouvé que les élèves, non seulement avaient compris le concept du contrôle des variables, mais étaient aussi capables de l’appliquer sept mois après, avec différents matériaux et un expérimentateur différent, même si les élèves plus âgés montraient un transfert plus solide que les plus jeunes. Dans ce cas, les élèves reconnaissaient qu’ils étaient en train de concevoir une expérience et cela leur rappelait de se souvenir de la stratégie métacognitive « Quand je conçois une expérience, je dois contrôler les variables. » Bien sûr, réussir à contrôler toutes les variables pertinentes est une autre affaire – qui exige que l’on sache quelles variables ont du sens et comment elles peuvent varier.
Est-ce Sherlock Holmes a pris des cours de pensée critique ?
Personne n’illustre mieux que Sherlock Holmes le pouvoir des connaissances approfondies dans la conduite de la pensée critique. Lors de sa première rencontre avec le Dr Watson, Holmes l’accueille ainsi : « Je perçois que vous avez été en Afghanistan. » Watson est étonné – comment Holmes pouvait-il le savoir ? Holmes explique son raisonnement, qui repose non pas sur une intelligence hors du commun, ni sur une créativité exceptionnelle, ni sur une aptitude aux devinettes. Holmes savait que Watson était médecin ; tout le reste est déduit en s’appuyant sur ses connaissances, entre autres, de l’armée, de la géographie, des blessures et des événements récents. Voici comment il explique son processus de pensée : Je savais que vous veniez d’Afghanistan. J’ai l’habitude depuis longtemps de voir le train de mes pensées défiler très vite dans mon esprit, de telle sorte que je parviens à la conclusion sans être conscient des étapes intermédiaires. Cependant, ces étapes existent. Le train du raisonnement se présenta ainsi : « Voici un gentleman appartenant au monde médical, mais avec l’apparence d’un militaire. De toute évidence, un médecin militaire. Il revient des tropiques car son visage est bronzé, ce qui n’est pas la couleur naturelle de sa peau, ses poignets sont de couleur claire. Il a traversé des épreuves et des maladies comme l’exprime clairement son visage fatigué. Son bras gauche a été blessé. Il le tient d’une manière raide et non naturelle. Dans quelle région tropicale un médecin militaire britannique pourrait-il avoir vécu tant d’épreuves et y avoir été blessé au bras ? De toute évidence, en Afghanistan. »
Source : A study in Scarlet, Sir Arthur Conan Doyle
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Pourquoi la pensée scientifique dépend-elle
des connaissances scientifiques ?
Les experts de l’enseignement des sciences recommandent que le raisonnement scientifique soit enseigné dans le cadre d’un sujet riche. Un comité d’enseignants scientifiques éminent formé par le National Research Council [21] l’exprime clairement : « Enseigner seulement du contenu n’est pas apte à conduire à la compétence scientifique, de la même manière qu’engager les élèves dans des expériences dépourvues de contenu scientifique est également improductif. »
Le comité a tiré cette conclusion sur des preuves que les connaissances d’arrière-plan sont nécessaires pour engager une pensée scientifique. Par exemple, il est important de savoir qu’il faut un groupe de contrôle avant d’engager une expérience. Tout comme il faut aussi avoir deux conditions de comparaison ; avoir un groupe de contrôle en plus d’un groupe expérimental vous aide à vous pencher sur la variable à étudier. Mais savoir que vous avez besoin d’un groupe de contrôle n’est pas la même chose qu’être capable d’en créer un. Dès lors qu’il n’est pas toujours possible d’avoir deux groupes exactement semblables, savoir quels facteurs peuvent varier entre les deux groupes et lesquels ne varient pas est un exemple des indispensables connaissances d’arrière-plan nécessaires. Dans les expériences mesurant la vitesse de réponse des sujets, par exemple, les groupes de contrôle doivent être équivalents en âges, parce que l’âge affecte la vitesse de réponse, mais ils n’ont pas besoin d’être strictement équivalents en matière de sexe.
D’autres expériences plus formelles vérifient que les connaissances d’arrière-plan sont nécessaires pour des raisons scientifiques. Par exemple, considérons une discussion sur une hypothèse de recherche. On pourrait créer de multiples hypothèses pour toute situation donnée. Supposons que vous sachiez que la voiture A a une meilleure consommation que la voiture B et que vous vouliez savoir pourquoi. Il y a beaucoup de différences entre les voitures, par conséquent lesquelles allez-vous étudier en premier ? La taille du moteur ? La pression des pneus ? Une clé déterminante pour la sélection de l’hypothèse est la plausibilité. Vous n’allez pas choisir d’étudier une différence entre A et B si vous pensez qu’elle ne contribue pas à la différence de consommation (par exemple, la couleur de la peinture). Mais si quelqu’un fournit un élément rendant ce facteur plausible (par exemple, la façon dont les habitudes de conduite de votre jeune fils ont changé après qu’il ait peint la voiture en rouge), vous allez certainement dire que ce facteur a priori non plausible devrait être étudié [22]. Le jugement sur la plausibilité de l’importance d’un facteur est basé sur les connaissances personnelles de la personne.
D’autres données indiquent que la familiarité avec le domaine permet de jongler plus facilement entre les divers facteurs de manière simultanée, ce qui à tour de rôle vous permet de construire des expériences qui, de manière simultanée, contrôlent plusieurs facteurs. Par exemple, dans une expérience [23], 17 élèves de quatrième ont rempli deux tâches. Dans l’une d’elle, ils devaient manipuler des conditions dans une simulation informatique permettant de garder en vie des créatures imaginaires. Dans l’autre, on leur disait qu’ils avaient été retenus par une société d’installation de piscines pour évaluer la façon dont la surface des piscines était liée au taux de refroidissement de l’eau. Les élèves avaient plus l’habitude de concevoir des expériences pour la première tâche que pour la seconde, ce que les chercheurs ont interprété comme étant dû à leur familiarité avec les variables pertinentes. Les élèves sont habitués à penser aux facteurs qui peuvent influencer la santé des créatures (ex : la nourriture, les prédateurs) mais ont moins d’expérience avec des facteurs qui peuvent influencer la température de l’eau (ex : le volume, l’aire de la surface). Ainsi, il est faux d’affirmer que « contrôler les variables dans une expérience » est un processus non affecté par la connaissance de ces variables.
Les connaissances préalables et les croyances non seulement influencent quelles hypothèses seront choisies pour le test, mais elles influencent la façon dont on interprète les données expérimentales. Dans une expérience [24], des étudiants étaient évalués sur leurs connaissances des circuits électriques. Puis, lors de 3 sessions hebdomadaires de 1.5 heures, ils ont conçu et conduit des expériences utilisant une simulation informatique d’un système de circuits, afin d’apprendre leur fonctionnement. Les résultats ont montré une forte relation entre les connaissances initiales des sujets et la façon dont ils ont appris lors des sessions suivantes ; cette relation était due en partie à la manière dont les sujets interprétaient les données des expériences qu’ils avaient conduites. Les sujets qui ont commencé avec plus de connaissances ou des connaissances mieux maîtrisées, ont planifié plus d’expériences informatives et ont fait un meilleur usage des résultats expérimentaux.
D’autres études ont trouvé des résultats similaires et ont trouvé des issues inattendues ou anormales pouvaient être particulièrement importantes dans la création de nouvelles connaissances – et particulièrement dépendantes des connaissances déjà possédées [25]. Les données qui semblent étranges car elles ne correspondent pas au modèle mental du phénomène étudié, sont porteuses de nombreuses informations. Elles vous indiquent que votre compréhension est incomplète et guident le développement de nouvelles hypothèses. Mais vous ne pouvez reconnaître l’issue d’une expérience comme anormale, si vous avez une attente particulière, que vous considérez comme normale. Cette attente est basée sur les connaissances que vous possédez, de la même manière que votre aptitude à concevoir une nouvelle hypothèse prend en compte l’issue anormale.
L’idée que la pensée scientifique doit être enseignée de concert avec le contenu scientifique, est étayée par la recherche sur la résolution de problèmes scientifiques : c’est-à-dire quand les élèves calculent une réponse à un problème tiré d’un manuel, plutôt que lorsqu’ils conçoivent leur propre expérience. Une méta analyse [26] de 40 expériences portant sur les méthodes pour enseigner la résolution de problèmes scientifiques a montré que les approches efficaces étaient celles qui se concentraient sur la construction de connaissances de base complexes et maîtrisées comme faisant partie de la résolution du problème, par exemple en incluant des exercices comme la conception de cartes heuristiques. Les approches inefficaces se concentrent exclusivement sur les stratégies à utiliser dans la résolution de problèmes alors qu’elles ignorent les connaissances nécessaires à cette résolution.
À quoi conduisent toutes ces études ? D’abord, la pensée critique (comme la pensée scientifique, et d’autres pensées spécifiques) n’est pas une habileté. Il n’existe pas un panel d’habiletés relatives à la pensée critique pouvant être acquises et utilisées indépendamment du contexte. Deuxièmement, il y a des stratégies méta cognitives qui, une fois apprises, rendent la pensée critique plus vraisemblable. Troisièmement, l’aptitude à mettre en œuvre la pensée critique (faire ce que les stratégies méta cognitives demandent) dépend du domaine de connaissances et de la pratique. Pour les enseignants, la situation n’est pas sans espoir, mais personne ne devrait sous-estimer les difficultés de l’enseignement de la pensée critique.
Enseigner la pensée critique
Savoir qu’une lettre a été écrite par un soldat confédéré de la Nouvelle Orléans, juste après la bataille de Vicksburg n’aidera pas l’étudiant à interpréter la lettre – sauf s’il sait quelque chose au sujet de la guerre de Sécession. Enseigner la pensée critique figure en tête de la liste des choses à accomplir pour un professeur. Quelles stratégies sont en adéquation avec les résultats de la recherche ? - Les programmes spécifiques sont inutiles. J’ai mentionné plus haut quelques-uns des programmes les plus connus. En dépit de leur grande disponibilité, les preuves de leur efficacité, en particulier dans des situations nouvelles, sont très limitées. Le modeste impact que ces programmes pourraient avoir doit être considéré, tout comme toute annonce d’efficacité, à la lumière de leurs coûts d’opportunité. Chaque heure passée par les élèves sur le programme, est une heure qu’ils n’utiliseront pas à apprendre autre chose. - La pensée critique devrait être enseignée dans le contexte disciplinaire. Ce qui a été dit ne signifie pas que les enseignants ne doivent pas initier les élèves à la pensée critique, - cela signifie que la pensée critique ne doit pas être enseignée en soi, toute seule. Spontanément, les gens n’examinent pas les hypothèses qui sous-tendent leur pensée, ni ne considèrent toutes les aspects d’une solution, ni ne questionnent ce qu’ils savent etc. Tout cela doit être modelé pour les élèves, et on doit leur donner des opportunités de mise en pratique – de préférence dans le contexte d’une activité normale de la classe. Cela ne s’applique pas qu’à la science (comme discuté dans le corps de l’article), mais à d’autres disciplines. Par exemple, une partie importante de la pensée historienne est de considérer la source d’un document – qui l’a écrit, quand, et pourquoi. Mais enseigner aux élèves à poser ces questions, indépendamment du sujet à traiter, ne les aidera pas. Savoir qu’une lettre a été écrite par un soldat confédéré à sa femme à la Nouvelle-Orléans juste après la bataille de Vicksburg n’aidera pas l’élève à interpréter la lettre sauf s’il connaît l’histoire de la guerre de Sécession. - La pensée critique n’est pas seulement pour les élèves avancés. Parfois, des principaux et des administrateurs suggèrent que des exercices de pensée critique sont un bon enrichissement pour les meilleurs élèves, mais pensent que les élèves plus faibles devraient se contenter de comprendre et de maîtriser les connaissances de base. Cet argument sous-estime les élèves les moins avancés et est en conflit avec ce que les cognitivistes savent de la pensée. Virtuellement, chacun est capable de pensée critique et l’utilise tout le temps – et, comme le montre la recherche sur les probabilités conditionnelles, l’a fait depuis sa plus tendre enfance. Les difficultés ne résident pas dans le fait de penser de manière critique mais de savoir quand le faire, et d’avoir suffisamment de connaissances pour pouvoir le faire avec succès. - Les expériences des élèves permettent l’accès à des concepts complexes. Bien que la pensée critique nécessite d’être ancrée dans des connaissances disciplinaires, quand les élèves n’ont pas assez de connaissances on peut introduire un concept en s’appuyant sur leurs expériences. Par exemple, l’importance de la source pour évaluer un document historique est un fait familier même pour de jeunes élèves ; approfondir leurs connaissances consiste à leur poser des questions auxquelles ils peuvent répondre. Un enseignant en école élémentaire pourrait ainsi demander : Est-ce qu’une lettre adressée à un journal critiquant l’abolition des récréations sera interprétée différemment si c’est un directeur d’école qui la lit ou bien si c’est un élève de CM1 qui le fait ? De multiples concepts, centraux dans la pensée scientifique, peuvent aussi être enseignés par des exemples s’appuyant sur les connaissances quotidiennes des élèves. Par exemple, la phrase « la corrélation n’implique pas la causalité » est souvent illustrée par la solide association entre la dégustation d’une glace et le nombre de crimes commis tel jour. Avec un questionnement, les élèves réalisent vite que la dégustation de la glace ne cause aucun crime, mais que les hautes températures peuvent augmenter les deux. - Pour enseigner les stratégies de pensée critique, rendez-les explicites et faites-les pratiquer. Les stratégies de pensée critique sont des abstractions. Une approche plausible à leur enseignement est de les rendre explicites, et de procéder par étapes. La première fois (ou les premières fois) que le concept est introduit, expliquez-le au moins par deux exemples différents (si possible des exemples basés sur l’expérience des élèves, comme précisé ci-dessus), étiquetez-le pour pouvoir l’identifier comme stratégie pouvant s’appliquer à différents contextes, et montrez comment l’appliquer au contenu de la leçon en cours. À l’avenir, essayez de nommer les stratégies appropriées de pensée critique pour voir si les élèves s’en souviennent et sont capables de savoir comment elles s’appliquent au matériau de la discussion en cours. Avec plus de pratique, les élèves peuvent savoir quelles stratégies s’appliquent sans que vous soyez obligés de leur donner des indices.
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[1] . J'avais, dans un premier temps, traduit both par tous, ce qui, littéralement, était incorrect mais me semblait mieux à même de décrire la pensée critique telle que conçue par Willingham. C'est en effet un processus complexe qu'il me paraît étrange de réduire à un problème présentant deux aspects. Merci à Denis Donovan pour m'en avoir fait la remarque.
[2] . Borja, R.R. (2006). “Work Skills of Graduates Seen Lacking,” Education Week, 26, 9, 10.
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[6] . NdT : Le mot bush signifie buisson ; c’est aussi le nom d’un groupe de rock ; il signifie également brousse.
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[8] . For a readable review see : Baron, J. (2000). Thinking and Deciding, Cambridge, UK: Cambridge University Press.
[9] . For example see: Klahr, D. (2000). Exploring science: The cognition and development of discovery processes, Cambridge, Mass.: MIT press.
[10] . For a readable review see: Baron, J. (2000). Thinking and Deciding, Cambridge,UK: Cambridge University Press.
[11] . For example see: Klahr, D. (2000). Exploring science: The cognition and development of discovery processes, Cambridge, Mass.: MIT press.
[12] . Ces deux catégories sont les plus étudiées, mais ces deux approches – contenu et processus scientifique – sont incomplètes. Dans les classes américaines, les nombreuses méthodes d’études scientifiques sont sous-développées, ainsi que le rôle des théories et des modèles pour les progrès de la pensée scientifique.
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[14] . For example see: Kuhn, D., Garcia-Mila, M., and Zohar, A. (1995). “Strategies of knowledge acquisition,” Monographs of the Society for Research in Child Development, 60, 1-128.
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[18] . NdT : Mot désignant un mignon petit animal. Utilisé dans des expériences en psychologie pour déterminer par exemple la manière dont les enfants acquièrent les mots.
[19] . Bien que cela ne soit pas très pertinent pour les enseignants de Terminale, il est important de noter que pour les personnes très entraînées, comme les scientifiques du niveau de la thèse, la pensée critique possède certaines caractéristiques ressemblant à des habiletés. Ces personnes sont en particulier capables de déployer un raisonnement critique dans une grande variété de contenus, même avec ceux dont elles ne sont pas très familières. Mais bien sûr, cela ne veut pas dire qu’elles ne se tromperont jamais.
[20] . Chen, Z. and Klahr, D. (1999). “All Other Things Being Equal: Acquisition and Transfer of the Control of Variables Strategy,” Child Development, 70 (5), 1098-1120.
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[25] . For example see: Dunbar, K. N. and Fugelsang, J. A. (2005), “Causal thinking in science: How scientists and students interpret the unexpected,” in M. E. Gorman, R. D. Tweney, D. C. Gooding, and A. P. Kincannon (eds.) Scientific and Technological Thinking, 57-79, Mahwah, N.J.: Erlbaum; Echevarria, M. (2003), “Anomalies as a catalyst for middle school students’ knowledge construction and scientific reasoning during science inquiry,” Journal of Educational Psychology, 95, 357-374.
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