Qu’est-ce que l’enseignement direct ? Imprimer Envoyer
Pédagogie Explicite - Direct Instruction
Écrit par Michael Fairbrother et Dre Jessica Whitley   
Samedi, 30 Janvier 2016 16:07

D’après un article de TA@l’école

Michael Fairbrother et Dre Jessica Whitley

Qu’est-ce que l’enseignement direct ?

 

L’enseignement direct est généralement considéré comme une méthode de réflexion active par laquelle l’enseignante ou l’enseignant segmente une leçon en étapes plus petites et donne le soutien requis, ou étayage, pour amener les élèves vers l’autonomie et la maîtrise (Rosenshine, 2008 ; Rupley, 2009). Comparativement à d’autres méthodes pédagogiques, l’enseignement direct se révèle extrêmement bénéfique pour les élèves en difficulté (Marchand-Martella, Kinder et Kubina, sans date). En effet, si les méthodes d’enseignement direct conviennent à tous les élèves, elles sont particulièrement efficaces pour augmenter le rythme d’apprentissage des élèves qui connaissent des difficultés sur le plan scolaire (Somerville et Leach, 1988). Baker et ses collaborateurs (2013, p 334) décrivent les données probantes selon lesquelles l’enseignement explicite (direct) a un effet positif sur divers résultats scolaires, en particulier pour les élèves à risque d’avoir des difficultés d’apprentissage.

Parmi les différentes approches d’enseignement direct qui existent, Rosenshine (2008) en a choisi trois aux fins de sa synthèse comparative : le modèle des effets-maîtres (teacher effects pattern), l’enseignement de stratégies cognitives (cognitive strategies meaning) et le programme DISTAR (Direct Instruction System for Teaching Arithmetic and Reading). Malgré les différences entre les approches, Rosenshine fait ressortir les principaux aspects qui leur sont communs : la pratique guidée, la participation active des élèves, l’étayage et la responsabilisation graduelle menant à l’autonomie des élèves.

 

Survol des trois principales approches ou formes
d’enseignement direct

 

Dans une courte synthèse parue en 2008, le chercheur Barak Rosenshine, qui étudie l’enseignement direct depuis longtemps, fait une analyse comparative de trois méthodes d’enseignement direct : le modèle des effets-maîtres, l’enseignement de stratégies cognitives et le programme commercial d’enseignement direct connu sous le nom DISTAR (Direct Instruction System for Teaching Arithmetic and Reading).

 

Modèle des
effets-maîtres
Enseignement de
stratégies cognitives
DISTAR

 

1. Débuter la leçon par une brève révision de la leçon précédente.


2. Débuter la leçon par un énoncé succinct des objectifs.


3. Présenter la nouvelle matière en segments, chaque segment étant suivi d’une mise en pratique par les élèves.


4. Donner des instructions et des explications claires et détaillées.

5. Prévoir beaucoup de pratique active pour tous les élèves.


6. Poser beaucoup de questions, vérifier la compréhension des élèves et obtenir des réponses de tous les élèves.


7. Guider les élèves durant la pratique initiale.


8. Donner un enseignement explicite et des exercices pour la pratique individuelle, et superviser travail individuel des élèves.

 

1. L’enseignante ou l’enseignant fait des choix en pensant à voix haute.


2. Fournir des cartes aide-mémoire pour aider les élèves à exécuter la stratégie.


3. Décomposer la tâche en segments, enseigner chaque segment séparément et combiner graduellement les segments en une démarche complète.


4. Anticiper les erreurs des élèves.


5. Encourager les élèves à réfléchir à voix haute pendant l’utilisation de la stratégie.


6. Utiliser l’enseignement réciproque par l’enseignante ou l’enseignant et les élèves.


7. Fournir des listes de vérification.


8. Fournir des modèles de tâches terminées.


9. L’enseignante ou l’enseignant modélise l’utilisation de la stratégie.

1. Une stratégie explicite étape par étape.


2. Les élèves doivent maîtriser chaque étape de la démarche.


3. Le personnel enseignant reçoit des procédures de correction précises à utiliser lorsque les élèves font des erreurs.


4. Diminution graduelle de l’intervention de l’enseignante ou de l’enseignant à mesure que les élèves apprennent à travailler de façon autonome.


5. Emploi d’une pratique adéquate et systématique avec divers exemples de la tâche.


6. Révision cumulative des nouveaux concepts appris.

Démarche prédominante dans les trois principales méthodes d’enseignement direct

 

Le modèle des effets-maîtres

 

Le modèle des effets-maîtres se caractérise par l’identification d’enseignantes et d’enseignants très efficaces, suivie d’une recherche qui vise à déterminer les stratégies pédagogiques utilisées par ces professionnels et leurs applications. Pour réaliser une recherche de ce type, on fait passer un pré-test dans une matière donnée à un certain nombre de groupes d’élèves. Les comportements de l’enseignante ou de l’enseignant, y compris le nombre et le type de questions posées, la fréquence de rétroaction et le temps consacré à la pratique guidée sont ensuite observés et consignés, puis un post-test est effectué. En comparant les éléments pédagogiques des classes qui ont obtenu les progrès les plus grands et les plus faibles, il est possible d’établir une liste des caractéristiques efficaces de l’enseignement direct. On peut ensuite réaliser des études expérimentales plus rigoureuses avec des enseignants formés à ces méthodes pédagogiques hypothétiquement efficaces en vue de confirmer les progrès des élèves.

Rosenshine (2008) croit, comme d’autres chercheurs, que les résultats empiriques tirés de cette recherche représentent un modèle de pratiques d’enseignement efficaces, et il résume les modèles que les enseignantes et enseignants efficaces ont utilisés lorsqu’ils ont enseigné des sujets bien structurés comme l’arithmétique et l’alphabet. Le tableau ci-dessus présente trois méthodes d’enseignement direct catégorisées d’après la synthèse de Rosenshine. Le programme Success for All s’appuie sur cette approche directe en milieu scolaire et semble avoir des effets positifs généraux en lecture et mathématiques.

 

 

Enseignement de stratégies cognitives

 

Cette forme d’enseignement direct qui a vu le jour vers 1968 regroupe diverses méthodes utilisées pour enseigner des tâches intellectuelles de haut niveau (comme la compréhension de textes, la passation d’examens et les stratégies de réflexion). L’étayage, ou l’emploi d’aides temporaires, est la méthode pédagogique prédominante pour enseigner des stratégies cognitives parce qu’elle soutient l’apprentissage initial (voir la liste générale des méthodes d’étayage au tableau ci-dessus). Cette approche d’enseignement direct se révèle assez efficace pour enseigner des stratégies en compréhension de textes, comme prédire, clarifier, formuler des questions et résumer (Rosenshine, 2008).

Tandis que le modèle des effets-maîtres comme méthode d’enseignement direct met moins l’accent sur l’étayage (à l’aide d’accessoires comme des cartes aide-mémoire par exemple), les stratégies cognitives et le modèle des effets-maîtres énoncent les objectifs de la leçon, décomposent les tâches en segments et s’appuient initialement sur la modélisation, tout en vérifiant régulièrement la compréhension des élèves en vue de les amener à une pratique autonome. Le programme Success for All comprend des stratégies cognitives qui comptent l’étayage parmi les méthodes pédagogiques utilisées (Rosenshine, 2008).

 

 

Programme DISTAR

 

L’acronyme DISTAR signifie Direct Instruction System for Teaching Arithmetic and Reading (système d’enseignement direct en arithmétique et en lecture). Ce programme est devenu une initiative de réforme à grande échelle à la suite des études réalisées par Engelmann et ses collègues sur l’enseignement de la lecture (Mac Iver et Kemper, 2002). Il s’agit de l’approche officielle d’enseignement direct (ED) citée le plus souvent dans la documentation (voir ses principales composantes au tableau ci-dessus). Les méthodes pédagogiques du programme DISTAR ont été créées pour compléter des programmes d’études particuliers, et contrairement au modèle des effets-maîtres, elles ne s’inscrivent pas dans le cadre de procédures générales pour les enseignantes et enseignants (Rosenshine, 2008). Cette approche est aussi la plus critiquée par le personnel enseignant parce qu’elle recourt largement aux réponses en chœur par les élèves et préconise l’emploi de scénarios, et on lui reproche généralement d’être trop dirigée et rigide (Rosenshine). Le programme de lecture DISTAR a toutefois été désigné par l’American Federation of Teachers (1998) comme l’un des programmes « What Works », et un rapport préparé par l’Education Consumers Foundation (2011) présente un certain nombre de méta-analyses qui corroborent les forces de DISTAR.

 
 
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