L’expertise à l’école ? Imprimer Envoyer
Pédagogie Explicite - Questions
Écrit par Françoise Appy   
Jeudi, 01 Septembre 2011 15:09

L’expertise à l’école ?

 

Form@PEx

 

Daniel T. Willingham enseigne la psychologie à l’université de Virginie. Il est l’auteur de Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école ?.

On pourra également se reporter aux travaux de Weisberg sur la créativité, ils aboutissent aux mêmes conclusions.

Daniel T. Willingham s’intéresse à la manière dont fonctionne le cerveau lors des apprentissages. Il s’est penché sur la question de l’expertise et ses conclusions viennent conforter ce que dit déjà la recherche (voir les travaux de De Groot sur les joueurs d’échecs par exemple) mais qui a du mal à pénétrer le champ éducatif.

Il explique la différence entre experts et novices et montre que nous ne pouvons pas attendre des élèves, en particulier à l’école primaire, qu’ils se comportent comme des experts : ils n’en ont pas encore les moyens cognitifs. Ainsi, prétendre faire d’eux des scientifiques ou des historiens en herbe au cycle III n’est pas réaliste et ce, quelles que soient la nature et la mise en scène du projet.

La pensée des experts est directement le fruit de leur longue expérience ; leurs connaissances accumulées leur permettent d’avoir une pensée différente d’un novice. Cette accumulation d’informations due à une pratique intensive crée une différence qualitative quant à la façon de penser. Ainsi, un expert raisonne de manière plus abstraite, on pourrait dire qu’il a du recul par rapport au problème à traiter. Par exemple, un enseignant novice, face à un problème de gestion de classe, va immédiatement essayer de le résoudre alors que l’expert essaiera d’abord d’en déterminer les causes en collectant dans sa mémoire à long terme les informations similaires. Il s’attachera aux causes, puisera une solution dans sa mémoire à long terme (qui, au vu de sa grande expérience, contient des problèmes semblables), alors que le novice focalise seulement sur l’incident. Ce qui aide aussi les experts sont les tâches routinières qui ont été automatisées par la pratique et libèrent leur mémoire de travail pour pouvoir raisonner.

Le seul chemin vers l’expertise est donc la pratique ; à cela s’ajoute l’extraordinaire persévérance dont les experts font preuve avec un seuil de fatigue mentale très élevé.

Par conséquent, quoiqu’en disent certains, nous ne formons pas des experts à l’école primaire. C’est alors qu’intervient la notion de connaissances comprises et de connaissances créées. Les experts créent et testent des connaissances nouvelles car ils possèdent un matériau suffisamment riche pour cela. Elles viennent enrichir leur champ disciplinaire. Nos élèves en sont incapables car ils n’ont pas suffisamment de connaissances ni de pratique. C’est donc le rôle de l’école d’installer ces connaissances et de faire en sorte qu’elles soient comprises. Les élèves sont tout à fait capables de développer une compréhension d’expériences scientifiques ou de commentaires historiques existants même s’ils ne sont pas encore aptes à les produire eux-mêmes.

Ces conclusions permettent de comprendre pourquoi il est nécessaire, en particulier à l’école primaire, de fournir aux élèves un ensemble de connaissances et habiletés fondamentales bien comprises qui leur seront par la suite indispensable pour exercer pleinement leur pensée. Mais encore faut-il utiliser une méthode pédagogique spécifique et efficace.

 
 
Une réalisation LSG Conseil.