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Source : CTREQ - RIRE

Lise Santerre

Un enseignement magistral amélioré à l’université

Le contexte universitaire est propice à l’enseignement magistral, qui s’y trouve largement donné, mais qui reste dévalorisé par plusieurs. Plutôt que de rejeter cette modalité d’enseignement, Gauthier, Bissonnette et Bocquillon (2020) proposent au contraire de l’améliorer de manière toute simple à l’aide de stratégies d’enseignement efficace.

Les auteurs commencent par rappeler les grandes lignes de l’évolution de la pédagogie pour mieux comprendre comment est apparu l’enseignement traditionnel, souvent assimilé à l’enseignement magistral. Ils présentent ensuite des pratiques d’enseignement efficace, notamment l’enseignement explicite, susceptibles d’assurer un enseignement magistral amélioré.

L’enseignement explicite

Principalement utilisé au primaire et au secondaire, il s’agit d’une forme d’enseignement très structuré, dont les contenus sont bien hiérarchisés et déployés en séquences du plus simple au plus complexe.
Les pratiques qui peuvent être mises en œuvre pour innover sont liées aux trois grandes phases de l’enseignement explicite.

Phase 1 : la préparation

• Définir des objectifs clairs
• Déterminer des idées maîtresses
• Assurer l’adéquation entre les objectifs et les moyens pour les atteindre
• Établir une cohérence entre les objectifs poursuivis, les activités proposées et les évaluations prévues

Phase 2 : les interactions avec les étudiants

• Fournir une vue d’ensemble en faisant preuve d’expressivité dans l’ouverture du cours
• Présenter le contenu de façon claire et compréhensible (utiliser une carte conceptuelle, poser des questions, synthétiser et résumer périodiquement le contenu, signaler les transitions d’un sujet à l’autre, suggérer des aides mnémoniques, etc.)
• Répartir le temps accordé à la présentation du contenu, à la pratique guidée et à la pratique autonome en fonction du groupe d’étudiants et de la nature du contenu
• Maintenir un rythme soutenu
• Susciter les interactions en classe et l’engagement des étudiants
• Éviter les digressions
• Faire ressortir les éléments essentiels à la clôture du cours

Phase 3 : la consolidation

• Mettre à la disposition des étudiants, chaque semaine, une banque de questions qui pourraient être soumises à l’examen
• Assurer le lien entre ces questions et la matière vue en classe
• Équilibrer la révision des questions étudiées et l’étude des questions nouvelles (pratique distribuée) afin de favoriser une meilleure rétention à long terme

Les auteurs rappellent que l’enseignement explicite a démontré son efficacité à tous les niveaux d’enseignement. Ils concluent en soulignant qu’on aurait tort de se débarrasser de l’enseignement magistral sous prétexte que l’étudiant demeure passif et que ce type d’enseignement est forcément ennuyeux. Les auteurs sont d’avis qu’il faut plutôt prendre le temps d’en améliorer le fonctionnement afin de contribuer ainsi à la réussite des étudiants au niveau supérieur.

Référence

Gauthier, C., Bissonnette, S. et Bocquillon, M. (2020). “Pour innover en pédagogie universitaire, faut-il rejeter ou améliorer l’enseignement magistral ?”, Enjeux et société, 7(2), 129-155. https://doi.org/10.7202/1073363ar