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Pédagogie Explicite - Articles
Écrit par SNALC   
Samedi, 01 Septembre 2018 15:47

Enseignement explicite
Principes et mise en œuvre dans la classe

Tiré de Tout ce que vous n'apprendrez (peut-être) pas à l'ESPÉ
Fiche 8, pp 95-98
Les éditions du SNALC
09.2018

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FICHE 8

ENSEIGNEMENT EXPLICITE

PRINCIPES ET MISE EN ŒUVRE DANS LA CLASSE

L'enseignement explicite est la formalisation d'une stratégie d'apprentissage qui découle de l'analyse de nombreuses études et recherches — d'abord aux États- Unis et au Canada puis dans différents pays de culture anglo-saxonne, des pays asia­tiques et des pays francophones (Belgique et Suisse). Ces études portaient sur les approches les plus efficaces, en particulier auprès d'élèves de milieux socio-économiques défavorisés mais aussi d'élèves en grande difficulté dans les apprentissages. La pédagogie explicite est formalisée par Clermont Gauthier, Steve Bissonnette et Mario Richard dans le prolongement de la direct instruction américaine. Elle se com­pose de trois grandes étapes :

- L'étape de préparation par l'enseignant.
- La phase interactive, c'est à dire l'enseignement proprement dit auprès des élèves.
- La phase de consolidation qui vise à poursuivre l'apprentissage après la classe.

On peut résumer en disant qu'il s'agit pour l'enseignant de dire clairement les objec­tifs de la leçon, de montrer explicitement comment exécuter la tâche en l'exécutant devant eux et en énonçant le raisonnement suivi à voix haute, de guider les élèves et d'assurer un contrôle régulier pour s'assurer de la réussite de tous.

 

1. L'étape de préparation :

Elle consiste à :

- Préparer les objectifs d'apprentissage.
- Cerner les idées maîtresses.
- Déterminer les connaissances préalables.
- Planifier l'enseignement des stratégies et connaissances, le soutien et les révi­sions.
- Vérifier la cohérence de l'apprentissage.

 

2. La phase interactive :

L'ouverture de la leçon :

L'enseignant attire l'attention des élèves. Il présente clairement le but de la le­çon et explique son intérêt. Il mobilise les connaissances et acquis précédents avant de commencer la leçon.

Le déroulement de la leçon :

- Étape un : modelage. Il s'agit pour l'enseignant de rendre explicite tout raison­nement implicite en enseignant quoi, pourquoi, comment, quand et où. L'enseignant explicite toutes les étapes, les démarches, la méthodologie pour s'assurer que les élèves comprennent. Il montre comment résoudre le type de problème étudié en expliquant à voix haute les étapes de son raisonnement, il met en quelques sortes un «haut-parleur» sur sa pensée afin que les élèves s'en imprègnent.

- Étape deux : la pratique dirigée. L'enseignant prend le temps de s'assurer de la compréhension des élèves en donnant des tâches à réaliser collectivement, sem­blables à celles effectuées lors du modelage. Cette phase d'appropriation permet les échanges entre les élèves et avec l'enseignant pour intégrer le modelage de l'enseignant. Puis une correction collective est faite pour s'assurer de la compré­hension de tous. Cette phase fait l'objet d'un retour permanent des élèves vers le professeur. Ce dernier ne passe pas à l'étape 3 tant qu'il n'a pas obtenu que 80 % de la classe maîtrise visiblement ce qui a été enseigné en début de séance.

- Étape trois : la pratique autonome. L'élève réinvestit seul ce qu'il a compris du modelage et du travail en équipe dans quelques problèmes ou questions. A ce stade, l'enseignant n'intervient plus, ou uniquement pour une poignée d'élèves, encore en difficulté, les autres doivent être autonomes (s'ils ne le sont pas, cela signifie que les premières étapes n'ont pas été assez efficaces).

La clôture de la leçon :

L'enseignant reprend le contenu essentiel de la leçon. Il annonce la leçon sui­vante et donne du travail à faire pour consolider les apprentissages et leur inté­gration dans la mémoire à long terme.

 

3. La phase de consolidation

Elle porte simplement sur les connaissances à mémoriser, les révisions régu­lières et les évaluations formatives et sommatives.

 

 

AVANTAGES, INCONVÉNIENTS ET LIMITES

Avantages :

- En organisant de manière très précise et détaillée les connaissances à acquérir et, surtout, en modélisant les démarches, la pédagogie explicite permet de ré­duire la part d'implicite (d'où son nom !).

- Elle est conçue de manière à être conforme aux découvertes sur le fonctionne­ment de la mémoire (voir partie 1 « la mémoire au service des apprentissages»).

- L'idée est que l'apprentissage est facilité si l'on évite les fausses interprétations, le non-dit, le caché, les contre-sens. En réduisant la part d'implicite, de non- dits, elle guide précisément les élèves et évite qu'ils ne perdent du temps et ne se découragent sans savoir ce qu'ils ont à faire, De fait elle s'est révélée très ef­ficace d'après plusieurs études et méta-analyses dans plusieurs pays, en parti­culier pour les élèves en difficulté et les élèves en situation de handicap cognitif. Ainsi, l'enseignement explicite s'inscrit comme l'opposé des méthodes de dé­couverte, qui donnent trop d'informations nouvelles à traiter et mettent d'em­blée les élèves face à des situations complexes, alors qu'ils n'ont pas forcément les moyens cognitifs de les traiter (voir fiche «constructivisme / socioconstructivisme et fiche situation-problème, tâche complexe).

- La stabilité du format, la régularité et la précision des leçons rassurent et per­mettent de se concentrer sur l'acquisition des connaissances et des stratégies de compréhension (voir partie 1 « la mémoire au service des apprentissages »).

Les avantages et les résultats sont par ailleurs étayés par de nombreuses re­cherches et méta-analyses mais soigneusement ignorés par les tenants de I'« orthodoxie pédagogique» d'après Bissonnette, Gauthier et Richard.

 

Inconvénients et limites :

- Pour que son efficacité soit optimale, l'enseignant qui travaille en pédagogie ex­plicite doit disposer d'un temps hebdomadaire suffisant pour permettre la répé­tition et l'entraînement des élèves. Ce n'est malheureusement pas le cas dans le secondaire pour de nombreuses disciplines à faible horaire où il n'est pas rare de proposer un même type d'activité plusieurs fois dans l'années mais à plusieurs semaines d'intervalle, ce qui rallonge le temps de modelage et de rap­pels.

- Cette pédagogie demande un travail de préparation très précis et très cadré de la part de l'enseignant. Cela implique que toute la structure des leçons (que l'on parle de curriculum comme les Québécois, de progressions ou de programma­tion} soit planifiée rigoureusement à l'avance mais également que l'enseignant ait défini ses propres stratégies et démarches pour pouvoir les enseigner aux élèves. Pas d'à-peu-près ou de lacunes disciplinaires et méthodologiques pos­sible. Et parce que tout le processus d'apprentissage est fondé sur l'observa­tion du professeur expert, cette méthode peut s'accompagner d'un fort «effet maître» (importance de la qualité du professeur) ; tous les enseignants n'ont pas le même talent pour expliquer leur raisonnement et se faire comprendre.

- On pourrait aisément reprocher à cette pédagogie de formater les élèves, de brider leur créativité ou encore de ne se concentrer que sur les activités de bas niveau et répétitives. C'est tout l'inverse, comme on l'a vu dans la première partie de cet ouvrage. Il s'agit au contraire de permettre à tous les élèves de maîtriser solidement et efficacement les bases de manière à pouvoir, justement, réussir des activités moins guidées ensuite. C'est là tout l'art d'enseigner ; il faut savoir déterminer le moment où les élèves ont acquis un niveau d'expertise suf­fisant pour travailler plus librement sans errer ni se décourager.

 

Ouvrage de référence :

Bissonnette, Gauthier et Richard, Enseignement explicite et réussite des élèves, Bruxelles, de boeck, 2013, 322 pages.

 
 
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