Don’t show, don’t tell? Imprimer Envoyer
Pédagogie Explicite - Questions
Écrit par Françoise Appy   
Dimanche, 04 Septembre 2011 00:00

Don’t show, don’t tell?

Traduction en anglais

 

Le MIT (Massachusetts Institute of Technology) vient de publier les résultats d’une expérience qui a été intitulée Don’t show, don’t tell? (Ne pas montrer, ne pas dire ?).

MIT

Il s’agissait de comparer le comportement de 85 enfants à qui on donnait un nouveau jouet selon quatre modalités différentes. Le jouet, spécialement conçu à cet effet ? avait quatre fonctions différentes.
Modalité 1 : l’adulte montre l’une des fonctions du jouet.
Modalité 2 : l’adulte montre l’une des fonctions du jouet, puis s’interrompt et part, prétextant avoir une autre chose à faire.
Modalité 3 : l’adulte manipule le jouet et prétend découvrir la fonction par hasard, il semble surpris.
Modalité 4 : l’adulte pose le jouet sur la table et dit «Vous avez vu ce jouet ! Regardez ! »

Résultats

Beaucoup d’enfants (on ne nous dit pas combien) ayant suivi la modalité 1 n’ont pas découvert les trois autres fonctions du jouet. De plus, ils n’ont pas passé beaucoup de temps à jouer avec l’objet : moins de deux minutes. Ceux de la modalité 2 ont passé  un peu plus de 2 minutes, ceux de la modalité 4 plus de 3 minutes. Les enfants (on ne nous dit pas combien) ayant suivi les trois autres modalités, ont en moyenne découvert une ou deux autres fonctions du jouet.

Interprétation

Ce faisant, les auteurs de l’expérience s’interrogeaient sur l’aptitude des enfants à découvrir tout seuls les fonctions du jouet. Ils en ont conclu qu’un enseignement direct explicite a pour conséquence une moins bonne aptitude à l’exploration et la découverte. Le but des chercheurs n’était pas de comparer une pédagogie directe de transmission à une pédagogie de découverte ; il est à penser que si c’était le cas, ils auraient mesuré les apprentissages (les 4 fonctions du jouet) effectués par découverte pure et par transmission directe. La transmission directe et explicite ne prétend pas que les enfants apprennent quelque chose qu’on ne leur a pas enseigné. On ne peut donc pas le lui reprocher.
D’ailleurs, les auteurs ajoutent clairement que cette étude n’est pas un argument contre l’acte d’enseigner et ils ajoutent qu’il y a des disciplines scolaires (lecture, calcul) qu’il serait aberrant de vouloir faire apprendre par découverte.  On pourra se référer pour cela aux travaux de David C. Geary qui a mis en évidence les connaissances biologiquement secondaires, dont l’acquisition se fait par une transmission directe et structurée, et  des connaissances biologiquement primaires (apprendre à parler, à marcher…) qui se font de manière naturelle et inconsciente.
Ce qui est ici mis en lumière est l’extrême réceptivité des enfants au scénario pédagogique conçu par l’adulte ou l’enseignant. L’enfant considère que le savoir de l’enseignant est complet, on pourrait dire qu’il lui fait totalement confiance cognitivement. Les praticiens le savent bien : si le maître l’a dit, « c’est que c’est vrai ». Par conséquent, si l’enseignant explique une chose et une seule,  l’enfant croira qu’il y a une seule et unique chose à retenir. Voilà qui met le doigt sur la responsabilité de l’enseignant en matière d’apprentissages. L’enfant apprend ce que lui enseigne l’enseignant. La phrase bien connue d’Engelmann prend ici tout son sens : Si l’élève n’a pas appris, alors le professeur n’a pas  enseigné.
Cette étude est intéressante et confirme tout le soin que l’enseignement explicite met dans l’architecture de ses leçons et dans ses interactions avec les élèves. Néanmoins, malgré les précautions prises par les auteurs, une lecture orientée et raccourcie fait déjà dire à certains qu’elle conforte les pédagogies non directives. C’est faux : elle conforte l’importance de la parole du maître, celle du scénario pédagogique et à aucun moment ne prétend prouver la meilleure efficacité des pédagogies scolaires non directives.
Pour la petite histoire, cette expérience me fait penser à la formation que j’ai moi-même reçue au métier d’enseignant. C’était à l’époque des Écoles Normales. L’enseignement dispensé était présenté comme vérité seule et unique. À tel point qu’il n’était même pas nécessaire de dire le nom de ce que l’on nous inculquait (constructivisme). Conclusion : les jeunes étudiants que nous étions ont cru qu’il n’existait pas d’autre moyen de faire. C’est normal, nous faisions confiance à nos professeurs, supposés savoir. Résultat : il m’a fallu des années pour réaliser que l’on pouvait faire différemment et surtout pour trouver la méthode pédagogique la plus efficace. Et si d’emblée les formateurs nous avaient présenté l’ensemble des méthodes pédagogiques existantes, sans complaisance, mais en les situant par rapport à leur degré d’efficacité ?

 

 

Traduction en anglais

MIT (Massachusetts Institute of Technology) has just published the results of an experience entitled  Don’t show, don’t tell?

The experience wanted to compare the behavior of 85 children that were given a new toy? according to 4 different modalities. The toy was specially conceived for the purpose, it had 4 different functions.
Modality 1 : the adult shows one of the toy’s functions.
Modality 2 : the adult shows one of the toy’s functions then interrupts himself, goes out, pretending having something else to do.
Modality 3 : the adult plays with the toy and pretends to discover the function by chance; he pretends to be surprised.
Modality 4 : the adults puts the toy on the table, saying « Wow, see this toy? Look at this! »

Results

Many children (we don’t know how many) gone through modality 1 have not discovered the 3 other functions of the toy. They didn’t spend much time playing with the toy: less than 2 minutes. Those from modality 2 spent a little more than 2 minutes, those from modality  4, more than 3 minutes. The children (we don’t know how many) from modalities 2, 3, 4 , in average, discovered one or two other functions.

Interpretation

In doing so, the experimenters were asking themselves about the capacity of children to discover on their own the toy’s function. They concluded that a direct and explicit teaching results in a worse ability for exploration and discovery. The aim of the experimenters was not to compare a direct teaching with a discovery learning practice; I suppose if it had been the case, they would have measured the learning (the 4 functions) through both of these practices. Direct and explicit teaching does not pretend that children learn something that has not been taught. Therefore, this can’t be a reproach.
In addition, the experimenters clearly say that the study is not an argument against teaching; they specify that it would be a nonsense to learn some disciplins such as reading and calculus through discovery. You can refer to the studies made by David C. Geary who showed that there are two types of knowledge: the biologically secondary knowledge whose learning is made by a direct and explicit teaching and the biologically primary knowledge (learning to talk, to walk …) whose learning is effortless and unconscious.
What is shown here, is the extreme responsiveness of children to the teaching design made by the teacher or parent. Children think that the teacher’s knowledge is complete, he completely trusts him in a cognitive way. Teachers know that well: if the teacher said so, then it’s the truth. Therefore, if the teacher only explains one thing, the child will believe there is only one thing to remember. This points at the teacher’s responsibility for child’s learning. Children learn what teacher teaches. In this context, I find S. Engelmann’s quote very appropriate : « If the children has not learned, the teacher has not taught.”
This study is interesting and justifies all the care provided by explicit teaching in lessons design and interactions with children. Nevertheless, in spite of the warning of the experimenters, some people already have an oriented and simplistic reading and conclude that it strengthens the idea that discovery learning is a good practice. This is wrong: it strengthens the importance of the teacher’s speech, the importance of the teaching design: no where it pretends giving the proof that discovery learning is more efficient at school.
This experience reminds me of my own training when I was a student in Ecole Normale.  The teaching was presented as the true way of doing; such a truth didn’t even say its name (constructivism). Conclusion: we were young students and we did believe that there was no other way to do. We trusted our teachers, they were supposed to know. Result: it took me years to realize there was another way to do my job; it took me years to find the most efficient way of teaching. Just imagine if our teachers had shown us all teaching methods related to their efficiency with evidence?

 
 
Une réalisation LSG Conseil.